Psychanalyse de la chanson. Paris : Les Belles Lettres-Archimbaud, coll. Linconscient à lœuvre n 2, 011996, 334 p. Mais la grande fracture entre Loup et Mando, lélément qui sépare définitivement les deux jeunes hommes, cest la découverte de la psychanalyse grâce au professeur Psychopompe, comme le nomme Mando. Alors que lui court les AG et les comités étudiants de la faculté, Loup est capté, happé par lenseignement de cet homme magnétique, qui le plonge dans létude de la psychose. Et qui involontairement donnera les clés à Loup pour comprendre son ami. Il sen faut de beaucoup peut-être quon ait conservé tous les récits qui pouvoient entrer dans le cycle de Renart : Méon en avoit négligé plusieurs quon a retrouvés depuis ; Monsieur le duc dAumale possède, comme jai dit tout à lheure, un manuscrit ancien, dans lequel on a reconnu plusieurs aventures inédites ; dautres ont pu de France, où on les jugeoit indignes dentrer dans le Recueil ordinaire, passer en Allemagne et dans les Pays-Bas, où lon se seroit empressé de les traduire et de les imiter. Voilà toute la concession que nous puissions, à la grande rigueur, faire à M Grimm. Quant à ces aventures particulières, recueillies par le Reineck, le Reinart et le Reinardus, on peut assurer quelles nont pas le cachet de lesprit françois. Jamais je ne croirai quun de nos trouvères ait imaginé de faire mourir Ysengrin, torturé, broyé par une truie, abbesse dun couvent de porcs de tous les âges ; que Renart ait évité le supplice, non plus en prenant la croix et le blanc manteau, mais en révelant à Noble le lion la place du trésor du roi Emmeric, et en accusant sottement de trahison son père défunt et tous ses meilleurs amis ; nous ne prétendons rien à de telles imaginations, velut ægri somnia, et nous les abandonnons de grand cœur aux moines, aux poëtes flamans ou allemans qui les ont recueillies. Ainsi Richeut avoit, au moment où parut la première branche du Renart françois, un mauvais renom très-populaire. Dans le fabliau des Deux bordéors ribaus, qui ne doit pas être moins ancien de Nomenidam! alors, vous mhébergerez aujourdhui, nest-ce pas? et vous me donnerez quelque chose à manger? De retour de sa première visite en Russie depuis son célèbre saut vers la liberté, est extrêmement déprimé et en confie la raison à son psychanalyste, marquant le début dune cure peu orthodoxe. Eh bien tout cela, dit sérieusement Pinte, nest que songe, et tout songe, dit-on, est mensonge. Cependant je crois deviner ce que le vôtre peut annoncer. Lobjet porteur dune rousse pelisse nest autre que le goupil, qui voudra vous en affubler. Dans la bordure semblable à des grains divoire, je reconnois les dents blanches dont vous sentirez la solidité. Lencolure si étroite de la pelisse cest le gosier de la méchante bête ; par elle passerez-vous et pourrez-vous de votre tête toucher la queue dont la fourrure sera en dehors. Voilà le sens de votre songe ; et tout cela pourra bien vous arriver avant midi. Nattendez donc pas, croyez-moi ; lâchons tous le pied, car je vous le répète, il est là, là dans ce buisson, épiant le moment de vous happer. Sire Ysengrin, dit Renart, vous allez me donner, jespère, la part qui me revient dans le bacon? Ami, tu veux rire, reprend le loup, assurément tu dois te trouver fort heureux davoir échappé à mon ressentiment. Cependant, je te permets de prendre la hart, fais-en ce quil te plaira ; mais ne demande rien de plus. Loup évoque les relations de Mando avec sa mère, quil appelle par son prénom, avec une tirade à propos du Christ qui laisse perplexe, car lourde de signification : Comment le connétable Ysengrin et dame Hersent firent leur clameur à la cour du Roi Noble écoute et sent peu à peu fléchir sa résolution. Il ne voudroit pas refuser quelque chose à Bernart ; il lui remet enfin le coupable en lui laissant la liberté den disposer comme il lentendra. Cest ainsi que Renart fut tiré de prison. On linstruisit de la règle de lordre, on le revêtit des draps de labbaye, il devint moine. Quinze jours nétoient pas écoulés, quil avoit vu toutes ses plaies cicatrisées, et quil étoit aussi bien portant que jamais. On étoit édifié de lui voir si bien retenir tous les articles de la doctrine chrétienne, et remplir si pieusement les devoirs dun excellent religieux ; chacun des frères le chérissoit et le consideroit. La principale étude de frère Renart étoit pourtant de leur donner le change et de les gaber tous, à force de papelardise. Cest un roman écrit à la première personne où le narrateur, Loup, raconte sa propre existence en partant non pas de sa naissance mais de sa rencontre au jardin public du petit Mando qui devient à partir de ce jour-là son meilleur ami. Ils grandissent ensemble et se nourrissent des mêmes centres dintérêt. Ils ont vécu tous les deux des tas de moments inoubliables. Comme deux frères. Mais après le lycée, il vont se séparer pour prendre des branches différentes. Loup, devenu le disciple zélé dun certain Pr Psychopompe, choisit la psychanalyse; son ami préfère des matières plus objectives: le droit et léconomie. Et cest à partir de ce moment que tout va commencer à changer. Quelle est cette mécanique qui, dès lors, senclenche pour les éloigner lun de lautre? Au prix dune écriture sensible et percutante, Grimbert part à la recherche de la lézarde infime qui était là depuis le début. De la chevauchée de damp Renart et de Grimbert, et comme ils arrivèrent à la cour du Roi. Après des études de psychologie, Philippe Grimbert a passé une dizaine dannées en analyse chez un lacanien, avant douvrir son propre cabinet. Il travaille aussi dans deux instituts médico-éducatifs, à Asnières et à Saint-Cloud, auprès dadolescents autistes ou psychotiques. Lettres à quelquun ; préface de Philippe Grimbert. Paris : Archimbaud éditeur-Riveneuve, 012014, 108 p. Carole Vantroys. Une robe pour héroïne. Lire, septembre 2001. 6 o Si con Ysengrin salla plaindre de Renart à la cort le Roi. 7 o Cest la bataille de Renart et Ysengrin. 8 o Si com Renart voult mangier son confesseur. 9 o Si com Renart fist avaler Ysengrin dans le puits ; interrompue après le vers 6611 du texte imprimé. De la nouvelle infortune arrivée à dame Hersent, et de la résolution dYsengrin daller porter plainte à la Cour du Roi. Le translateur. La justice nous oblige à déclarer que laventure de lAndouille partagée nest pas racontée par tous les historiens à lavantage de Tybert : plusieurs soutiennent que Renart avoit encore ici trouvé la meilleure ruse. Il étoit aisé de prévoir que ces deux maîtres-passés en tous genres de fourberies auroient leurs partisans exclusifs, et que le juge impartial auroit toujours de la peine à donner lavantage à lun des deux sur lautre. Je ne veux être ici que le rapporteur. Ceux donc qui nous représentent Tybert comme la victime de Renart racontent lhistoire de lAndouille comme vous allez voir. Un ouvrage quil faudrait relire peut-être, plus tard.. Le Chevalier sadressant aux deux écuyers arrivés le matin : Frères, leur dit-il, nest-ce pas là léquipage de mon seigneur de père? Oui, sire, nen doutez pas, répondent-ils. Cependant le pont sabaissoit, la porte du château souvroit : on décharge les chariots en grande hâte, car la nuit approchoit : le Chevalier rentre dans la grande salle et sassied dans le faudesteuil, sous un riche dais. Puis il se lève à lapproche des hommes darmes, qui venant sincliner devant lui : Sire, disent-ils, Dieu vous accorde bonne nuit! Le Chevalier rend courtoisement le salut et conduit à table tous les nouveaux arrivés. Quant le repas fut terminé, le Chevalier donne en se levant le signal de la retraite ; les étrangers sont conduits dans les chambres où ils doivent reposer, et le lendemain matin ils sont réveillés par la gaite ou sentinelle qui du haut des créneaux corne le jour. Le Chevalier levé, chaussé, vêtu, se rend avec Madame Florie au moutier pour y entendre la messe de Notre Dame, et dès que loffice est achevé, il fait seller les chevaux pour aller au-devant de son père ; mais avant de séloigner il a soin de donner des ordres pour que tout concoure à la bonne réception quil prétend faire à ceux qui vont arriver Rééd. Grenoble : Glénat jeunesse, 042019, 54 p. Les deux camps, sur le fossé, damp Rooniaus, le cou replié et la langue tirée, ne remuoit ni pieds ni tête. À quelque distance et cachés par un verger se tenoient tous les amis que lon sait ; ils pouvoient être une centaine, que lices que mâtins, tous animés des mêmes sentimens contre lennemi dYsengrin. Après ces cruelles paroles, Renart séloigne et Drouin demeure seul à se lamenter : Ah! doux enfans, quel regret dois-je ressentir de votre mort! Cest moi qui vous ai livrés ; sans moi, vous seriez encore vivans. Ah! je ne tiens pas à rester après vous. Il se laisse alors tomber de larbre, comme, chez nous autres hommes, ceux qui de désespoir se précipitent du haut de leur maison : lherbe le reçut pâmé, privé de sentiment. Et quand il revint à lui, ce fut pour se lamenter encore, se frapper les flancs de son bec, sarracher les plumes lune après lautre. Tout dun coup, il lui vient une légère lueur despoir qui lui rend son courage. Sil pouvoit trouver un vengeur! Cette pensée le décide à ne pas mourir ; il répare le désordre de ses ailes et prend la résolution de voyager jusquà ce quil ait rencontré le champion qui prendra en main sa querelle. CINQUANTE-DEUXIÈME AVENTURE.